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L’incendie de la zone euro brûlera nos dernières utopies européennes

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Le mois d’août va être terrible pour l’économie et l’équilibre de la zone euro. Les incendies vont tout brûler sur les marchés : les valeurs et les taux. « Si ça se limite à un énorme incendie, dit un trader londonien, il  faudra s’estimer heureux parce que les risques d’explosions sont énormes ».  L’explosion à venir, c’est la fin de la zone euro et, pour l’Europe, la fin d’une utopie réalisable. Un retour au Moyen-âge pour les Européens alors que le reste du monde galopera vers le progrès.

La semaine dernière, Mario Draghi, le président de la BCE, avait annoncé qu’il ferait ce qu’il faut pour éviter la panique boursière de l’été 2011. Tout le monde avait bien compris qu’il achèterait de la dette espagnole et italienne afin d’éviter que les taux d’intérêt flambent. Les marchés et les investisseurs se réjouissaient de pouvoir prendre quelques jours de vacances. Sauf que huit jours plus tard, Mario Draghi révise son discours et annonce que la BCE interviendra à condition que les fonds de sauvetage, le FESF et le MES, interviennent aussi. Or, tout le monde sait que ces fonds de secours mis en place n’interviennent pas ou difficilement. Donc les marchés se sont retrouvés pris de vertige et les taux ont recommencé à flamber.

En théorie, le FESF et le MES peuvent intervenir sur le marché obligataire pour calmer le jeu. Ils en ont le droit et les moyens. Mais en pratique, les procédures sont longues à mobiliser pour trois raisons. La première, c’est qu’il faut examiner la situation de l’Etat et vérifier qu’il rentre bien dans les conditions budgétaires et fiscales définies au préalable. La deuxième, il faut que la « troïka » (Commission de Bruxelles, BCE, FMI) soit d’accord. Enfin, troisième raison, il faut que les gouvernements en fassent la demande officielle. Problème, en Espagne et en Italie personne n’a fait de demande. Pourquoi ? Parce que politiquement, c’est humiliant à gérer. Ensuite, parce que c’est prendre le risque de se voir infliger un nouveau plan de rigueur comme en Grèce. Mais surtout, la seule annonce de la demande d’aide peut engendrer la panique. Si vous appelez le médecin, vos voisins en déduiront que vous êtes malade. Si vous appeler le SAMU en urgence c’est que vous êtes très malade. Les pays en difficulté préfèrent encore donner l’impression d’être en bonne santé que pauvres et malades. Pour la confiance c’est mieux…

C’est pour toutes ces raisons que le mois d’août va être terrifiant. Les taux d’intérêt vont grimper à  des niveaux liés aux craintes de l’effondrement de l’Eurozone. Cet effondrement, il sera  inévitable dès lors que les grands pays membres ne pourront  plus rembourser leurs échéances. Plus le système est impuissant à s’autogérer, plus les taux montent et plus les valeurs boursières baissent. Dans ce cas, les risques d’explosions de l’euro se rapprochent. En ce début de mois d’août, personne ne peut faire baisser les taux d’intérêt en Espagne et en Italie sauf si Mario Monti et Mariano Rajoy acceptent de s’humilier en téléphonant au «SAMU» MES et FESF. Sans cette humiliation, personne en Europe ne peut sauver l’euro contre leur avis.


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